recherches avant-gardistes

Balla, Vitesse de l'automobile, et Calligramme d'Apollinaire

A l’aube du 20ème siècle, les principaux acteurs culturels et scientifiques – Albert Einstein, Henri Bergson et Sigmund Freud,… – convergeaient dans l’abandon des vues euclidiennes touchant à l’espace et au temps. Les artistes peuvent apparaître comme les prédécesseurs de cette sensibilité renouvelée au monde. Si cette représentation du monde change, les valeurs esthétiques évoluent également, comme le signale Marinetti dans les principes du futurisme : « Nous déclarons que la splendeur du monde s'est enrichie d'une beauté nouvelle : la beauté de la vitesse. Une automobile de course avec son coffre orné de gros tuyaux tels des serpents à l'haleine explosive... une automobile rugissante, qui a l'air de courir sur de la mitraille, est plus belle que la Victoire le Samothrace. »

La vitesse met en relation cette vision renouvelée de l’espace-temps (v = e/t) dans une conception proche de l’abstraction. Le tableau de Balla, cloisonné par une série de verticales séquentielles rappelant les chronophotographies de Muybridge et les recherches cinématographiques, ne conserve de l’automobile que quelques éléments : entremêlement de cercles développés en spirales, de courbes elliptiques voire hyperboliques. La vitesse se trouve dénotée par un brouillage où la lumière violemment contrastée joue sa partie, rythmant une image qui utilise surtout la gamme des valeurs.

 

« la cravate et la montre »

 

deux attributs de l’homme moderne exhibant sa virilité.  On est dans « la montre », l’apparence, qui masque l’essentiel

 

Noter que la cravate est sous le signe de l’étranglement, et l’hypallage « cravate douloureuse » passe sous silence, fait disparaître le sujet, réduit à son costume et ses accessoires.

Bref, c’est un retour à un état primitif qui semble recherché. L’homme civilisé est invité à ôter son costume, à respirer…. d’où la montre

La montre, gonflée par rapport à la petite cravate, est sous le signe de la respiration. Passage du tu à on. On est sous le signe de l’amusement, du bon temps, dans une invitation à jouir d’un carpe diem. Les allusions à un temps de l’idylle amoureuse sont importantes et on peut même lire des allusions franchement sexuelles dans les jeux proposés par le poète (cf tircis / tire six… ou pire le bel inconnu un con nu...)

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