Voyelles

document complémentaire

Il s'agit d'aller de l'alpha à l'oméga… donc de tout dire, de recréer l'univers dans une nouvelle version, dans une vision personnelle. Idée d'une totalité comprise dans la forme close du poème, (Arthur Rimbaud : de A à O). Il s'agit aussi de parcourir tout le spectre des couleurs : la voyance ne peut se dire sans un dictionnaire visuel : chaque couleur sera nuancée, contrastée... Le poème fonctionne ainsi sur le système de la synesthésie, de l'association d'un son et d'une couleur.

 

Le texte se présente alors comme une incantation, où chaque lettre est décrite en fonction du réseau d'idées que le poète lui attribue. On est dans une nouvelle Genèse, le langage est en train de renaître (je dirai quelque jour vos naissances latentes). Il s'agit bien d'aller de la mort et de la pourriture vers un regard divin (du charnel au spirituel), du « ah ! », le cri de la surprise repoussante, au « Oh ! », devant la splendeur…

L'incantation est renforcée par la syntaxe dépourvue de verbe : sans action, le poème n'est que la nomination de chaque voyelle, sa description. L'incantation est d'autant plus présente que le ton oratoire du texte est souligné dans le dernier vers.

 

Incantatoire, le texte prend une dimension de plus en plus nettement mystique : les paysages se succèdent dans un mouvement de purification et d'élévation (golfes d'ombres, sang craché / mers virides / silences des mondes) à mesure que des références à l'au-delà se précisent (alchimie / Anges / Yeux… de la vision). L'arc en ciel des couleurs relie terre et ciel, sons et sens, et au-delà, l'arc en ciel, c'est un peu Rimbaud, (rainbow), la figure du démiurge.

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