textes complémentaires

L'Ecclésiaste et le commentaire de Comte Sponville

À propos de l’Ecclésiaste :

 

Une vision tragique de la condition humaine.

 

- Noter l’aspect répétitif, cyclique, du monde, sous le signe d’un éternel retour, du cercle. « le vent tourne, tourne sans cesse, et revient éternellement sur les cercles qu’il a déjà tracés. »

- Ce monde est ainsi dépourvu de repères stables. « le soleil se lève / se couche », on oppose le vent de nord / du sud, « ce qui a été, ce qui sera ». On est dans un univers sous le signe de l’antithèse, de la contradiction, de l’instabilité.

- l’homme est réduit à un état d’impuissance. « Tout est difficile à expliquer / l’homme ne peut rendre compte de rien » : l’humain est réduit, à travers la métonymie qui morcelle son corps, à des sensations qui lui échappent « l’oeil ne se rassasie pas à force de voir / l’oreille ne se remplit pas à force d’entendre »

- Le tragique est finalement lisible à travers la multitude des négations qui traduisent le néant qu’incarne l’homme. Le tragique, c’est la conscience d’être un néant, c’est la conscience du vide qui nous constitue.

 

À propos de Comte Sponville :

 

Cette vision tragique de la condition humaine n’est pas incompatible avec un humanisme souriant

 

- l’humanisme de Montaigne se définit d’abord par la vision tragique de l’Ecclésiaste : la conscience de la faiblesse humaine, la prise en compte de la souffrance et de la fragilité qui nous constitue permet de faire émerger la douceur (la « miséricorde ») comme valeur nouvelle. On peut ainsi lire chez Montaigne une attention à tout ce qui est petit, bénin, tendre, car c’est ce qui est profondément humain. « c’est chose tendre que la vie » : la forme emphatique met en spectacle ce qui est infime…

- L’humanisme de Montaigne refuse alors l’illusion d’une grandeur divine à l’intérieur de l’homme. « Ce sot titre qu’Aristote nous prête : de dieux mortels » : la grandeur divine, ainsi que celle d’Aristote, est rabaissée au rang de sottise. À l’idée mensongère d’une éternité qui nous habite, Montaigne préfère le passage d’un plaisir à un autre.

- On peut alors comprendre l’idée d’un tragique souriant, ce « désespoir […] joyeux et serein ». La sagesse ne consiste pas à s’attrister d’une condition tragique (à « larmoyer »), mais au contraire à profiter des instants fugaces, à jouir de l’instant, dans une sorte de carpe diem sans cesse renouvelé.

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