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Rodin et Baudelaire

 

Le choix de la sculpture s’impose : la pétrification du poète par le spleen, la tendance à l’allégorie, et la volonté parnassienne de tirer un beau éternel dans le travail de la forme justifient ce rapprochement. Le poète travaille les mots comme le sculpteur travaille la matière, ainsi que « La mort des artistes » le rappelle.

Notons que Rodin, de 20 ans l’ainé de Baudelaire, a été fasciné par celui-ci, au point d’illustrer les Fleurs du Mal.

Rodin 2Rodin 3Rodin 4

Les oeuvres choisies sont Celle qui fut la belle Heaulmière, Je suis belle ô mortels, et la tête de Baudelaire.

La première oeuvre peut être mise en parallèle avec Une Charogne : on est dans le thème de la vanité, du memento mori, avec une réflexion sur le temps qui passe. Mais au coeur même de la destruction du corps, une nouvelle forme de beauté est perceptible. Le défi artistique de la laideur des muscles noueux, des membres décharnés et de la peau ridée nous mène sur le chemin de la beauté moderne.

 

La deuxième illustration retenue est une référence explicite à un vers de Baudelaire, dans "La Beauté". Le mouvement n'est plus celui d'un effondrement sous le temps qui passe, mais une sorte de lutte pour accéder à une verticalité idéale. On retrouve également le thème d'une oeuvre allégorique, symbolique.

 

Enfin, la tête de Baudelaire est un ultime hommage du sculpteur à l'artiste. Le choix de la tête, dépourvue de corps, nous fait penser que Baudelaire est un pur esprit, d'autant que le front démesuré est à l'image du génie cérébral célébré ici. Le contraste entre la matière sombre et la lumière renvoyée est également intéressant, faisant écho au déchirement du spleen et de l'idéal...

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