La Maline, Le Cabaret vert

Après la reprise de maîtres, tels que Hugo ou Banville, Rimbaud se reprend lui-même. Il réécrit sa vie en poésie, notamment lorsqu'il est en fugue. Il n'y a pas de rupture entre la vie et la poésie : la poésie est vécue, la vie est poétique. La réécriture est l'occasion d'une introspection, c'est une manière de sublimer son expérience, et d'immortaliser des instants de grâce.

I. Un univers prosaïque

> vers une poésie autobiographique : les indices spatio-temporels insistent sur le souvenir vécu, ancré dans l'expérience de la vie d'errance, de bohème.

> Le cadre de l'auberge est un lieu mal famé, un lieu populaire, avec ses tapisseries relevant d'un art mineur, marginal, et avec ses personnages peu raffinés (les servantes sont décoiffées, elles écorchent le français)

> l'action se centre sur une description réaliste, antipoétique, du repas, avec une insistance sur les sens comme l'odorat, le goût, la vue...

On est dans un univers du sensible... mais aussi du sensuel

2. Le jeu de séduction

> théâtralité du décor et de l'arrivée en scène des actrices, avec l'irruption du passé simple, l'image de la bouffée de vapeur, qui rappelle la machinerie théâtrale

> importance du jeu d'actrice qui cherche à séduire, avec ses gestuelles, ses mimiques, et les interventions au discours indirect.

> la dimension érotique du texte est soulignée par les commentaires du poète : le désir déborde, on est dans un texte enthousiaste où le rythme fait déborder l'alexandrin (enjambements et rejets).

Cet univers sensuel déborde aussi de sens

3. Une révélation poétique

> la progression des poèmes va vers une élévation : le regard va des pieds vers le soleil, ou se rapproche dans une proximité heureuse de l'objet du désir

> une autre progression est visible à travers l'évolution du froid vers le chaud

> un état de grâce est mis en scène : le plaisir se transforme en bonheur et en extase.

En fusionnant la vie et la poésie, Rimbaud élabore le mythe du clochard céleste.