séance 9 : doc complémentaire

Psychose, la scène de la douche

problématique : comment le mariage d'Eros et Thanatos construit cette scène où le voyeurisme le dispute à la cruauté ?

 

Premier axe d'analyse : La construction du temps, du bonheur au malheur (du plaisir à la souffrance)

la douche est d'abord un moment de plaisir (pour le personnage et pour le spectateur). La bande son avec les cris, surtout, nous fait passer vers le temps du malheur. Les sensations passent de l'eau qui coule au couteau qui tranche, de la chaleur du corps au corps sans vie.

De nombreuses lignes obliques tracent la figure d'une pente descendante : le jet d'eau, le trajet du couteau… l'eau de la douche fait alors écho au symbole du temps qui passe, à la vie qui s'écoule (cf image du sang et de l'eau qui se mélangent). La ligne du temps est donc tragique, pour le spectateur, on passe de la douche érotique à la douche froide.

 

Deuxième axe d'analyse : la construction de l'espace, un piège qui multiplie les formes circulaires

Dès l'entrée du personnage dans la salle de bains, le spectateur découvre la cuvette dans laquelle l'héroïne jette un papier avant d'actionner la chasse d'eau. Cette vue de la cuvette et de l'eau qui tourbillonne lance l'engrenage que le personnage ne peut deviner, et amène la première figure du cercle qui scandera la séquence.

L'espace est restreint, et sans cesse découpé : par le rideau de douche, par la profondeur de champ… Pas d'échappatoire vers la porte (meurtrier), ni vers le haut (douche et eau qui tombe), encore moins sur les côtés (murs)… même le dessin du carrelage fait penser à une cage. Il n'y a que vers le bas, que l'eau et le sang s'écoulent. Le mouvement de la scène est descendant, en spirale : on est dans une descente aux enfers.

 

Troisième axe d'analyse : le rythme des changements de plans et la dimension fantasmatique de cette scène

70 prises en 45 secondes… : le regard du voyeur est dans une excitation maximale. On est presque dans l'incapacité de saisir chaque plan, il y a une saturation du regard excédé…

on est tour à tour dans le regard du meurtrier et de la victime : le processus d'identification et de distanciation se mélange et devient confus. Il y a à la fois attraction et répulsion, comme dans le regard fasciné, hypnotisé… par ce corps à la fois montré et caché (c'est la définition de l'érotisme)… peut-on même voir une scène de meurtre avec des plans qui suggèrent le plaisir (cf la main sur le rideau,

Le spectateur est amené à être ainsi un peu comme Norman Bates, double (schizo…). On rejoint le titre du film : La psychose fait sortir l’être humain de la réalité et altère le sentiment qu’il a de son identité. A proprement parler, on ne « voit » pas le meurtre, le couteau ne touche jamais le corps : on doit reconstruire cette image manquante, on doit le fantasmer… le film nous amène à perdre le sens des réalités.

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