Créer un site internet

le vin en chanson

Textes de Brel et Brassens

Chansons à boire = un genre à part entière, poésie populaire qui prend racine dans une tradition bacchique. Ici, on oscille entre le vin gai et le vin triste, entre une inspiration ludique et une inspiration mélancolique. Comment l’ivresse se manifeste-t-elle dans ces deux chants ?

 

Des parodies de confessions

1. Parler de soi...

> retour sur les origines mythiques de la naissance de Brassens, qui se met en scène (faiseur de harangues)

> retour sur les aventures malheureuses de Brel

2. Pour ne pas parler de soi

> chez Brassens : autoportrait et dissolution du personnage dans des origines mythiques, dans le temps qu’il fait et le temps qui passe… et surtout avec les pronoms. On passe de je à des formes moins personnelles « il coule en mon coeur »… puis « on », « il », avec « les gens » : la confession se fait impersonnelle, et le personnage relie sa vie à des origines mythiques… bien loin du réel. Le poème s’appelle d’ailleurs « le vin », éliminant la dimension autobiographique.

> disparition du je chez Brel : le personnage boit pour oublier, pour s’oublier. « J’ai mal d’être moi » : dans le passage de l’avoir à l’être, il y a un malaise essentiel qui s’exprime. Désir de disparaître se lit dans les négations qui terminent chaque couplet : je serai sans… Bref, il se remplit pour se vider.

 

Un langage titubant : le rythme qui déraille

1. une syntaxe qui déraille

> une expression familière, au mépris des règles de syntaxe et de versification chez Brassens : élision du e final, expressions « gros bleu qui tache » (qui fait écho au sang bleu de la noblesse)… ainsi, il y a des images qui déraillent, des jeux sur les mots qui témoignent d’un décalage entre le sens familier et le sens renouvelé, imagé, (manière proche de l’image surréaliste) : « avec ma gueule de bois » (sens propre et figuré), « on a du savoir boire »…

> on retrouve des libertés avec la langue, sous l’effet de l’ivresse, chez Brel (encore un et je vas), où la conjugaison dérape (on se trompe de sujet, le sujet n’étant plus très clair…).

 

2. des rythmes titubants

> chez Brassens, il y a un décalage entre la syntaxe et la versification, qui coupe les mots. La langue de l’ivrogne est ainsi mimée, caricaturée.

> Chez Brel, il y a un rythme répétitif qui signifie le cercle de l’alcoolisme : répétition de « Ami remplis mon verre », en début et fin de refrain. Structure circulaire des couplets également avec la même structure.

>> Chez les deux chanteurs, le choix des rythmes ternaires, sous le signe du déséquilibre, est ainsi éloquent.

 

L’alchimie du vin : sublimer la misère

1. Nier le réel

> Brel « Non, je ne pleure pas / je chante et je suis gai » : on est dans une forme de déni… comme les paroles de l’ami qui soulage « toi qui sais si bien dire / que tout peut s’arranger / Qu’elle va revenir ».

> on finit sur des images qui remodèlent le réel chez Brassens, avec la pluie de vin et les vaches qui donnent du vin… images d’une nature qui changent l’eau et le lait (essentiels à l’homme) en vin.

 

2. Nier la tristesse

> Chez Brassens, après un ton enjoué, la fin est plutôt amère : la Seine devient une sorte de Styx où les gens vont par milliers noyer leur peine. Sorte de Fleuve rappelant les Lotophages d’Homère, le fleuve de vin prend des allures tragiques

> Chez Brel, on peut noter une évolution des toasts qui sont portés dans chaque couplet : le ton est d’abord mélancolique, et il est ensuite enjoué, comme s’il y avait une vertu thérapeutique à l’œuvre. Dire son mal, c’est s’en libérer

Ajouter un commentaire