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séance 3 : docs complémentaires

Du Bellay, Défense et Illustration de la langue française

Comment Du Bellay met-il à profit les emprunts de l'Antiquité pour créer une littérature nouvelle ?

 

Ce texte théorique a pour but de clarifier les enjeux de l'imitation des Anciens. Seuls les Anciens inventaient, et le poète de la Pléiade ne peut que chercher à imiter cette perfection. Le verbe « inventer » a son sens latin : il s’agit de mobiliser les idées et les moyens de les mettre en œuvre. C’est une activité que du Bellay attribue aux Grecs et aux Latins. Le verbe « imiter » caractérise au contraire le poète moderne : il ne s’agit pas de reproduire sans comprendre (il faut se méfier du « premier regard », l. 12) mais de pénétrer la langue ancienne.

Le poète crée une littérature nouvelle en modernisant aussi le vocabulaire gréco-latin. Il participe ainsi à « l’accroissement de la langue » en s’appropriant « les sentences et les mots » des langues étrangères et en proposant de nouveaux mots, formés sur des étymologies latines et grecques. Le mot "copieux", par exemple, est un nélogolisme formé sur l'étymon latin copia qui signifie "abondance".

Réécrire, c'est donc stimuler l'inspiration. La nécessité d’ « approprier », d’ « adapter » les emprunts favorise l’esprit créatif. On relèvera l’idée d’un travail sans relâche (« Sans cesse sur le métier... »), qui s'oppose à la facilité du plagiat. Bien au contraire, il s'agit de mettre en avant le travail de digestion, d"innutrition" cher aux humanistes du 16ème siècle.

Du Bellay dévalorise alors la littérature du Moyen Âge : il critique de multiples manières les "vieilles poésies françaises" : l'allusion à d’anciens concours « jeux Floraux de Toulouse et au Puy de Rouen » est dévalorisante ; l'énumération de formes qui perdent leurs valeurs par leur place dans une liste « comme rondeaux, ballades, virelais, chants royaux, chansons et autres telles épiceries » et la métaphore finale relèvent de la rhétorique du blâme. La condamnation est même complète avec l’expression : « qui corrompent le goût de notre langue et ne servent sinon à porter témoignage de notre ignorance ». Au contraire, Joachim du Bellay fait allusion à l’épigramme, à l’élégie, à la fable, à l’ode, autant de genres poétiques qui viennent de l'Antiquité et qui devraient régénérer la poésie.
 

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