la parodie : Rabelais

Extrait de Pantagruel

Une parodie : il s’agit de tourner en dérision des modèles.

 

La parodie est ainsi une réécriture subversive, c'est-à-dire qu'elle remet en question et interroge les références qui font autorité. Ecriture irrévérencieuse, mais aussi libératrice, la parodie refuse de sacraliser ce modèles. On est au contraire dans une écriture de l'esprit critique, de l'émancipation, qui utillise le rire et la dérision pour faire évoluer toute attitude relevant de la fascination béate, de l'idolâtrie aliénante, voire du fanatisme forcené.

 

Les procédés de cette dérision dans notre extrait :

- les enfers ne sont pas effrayants : on n’est pas dans le registre de l’horreur, mais dans celui de la festivité : « tous les diables étaient bons compagnons ». On parle alors de burlesque.

- On associe une référence noble (noms glorieux) à une référence basse (métiers communs) : on rabaisse ainsi l’héroïsme (Alexandre le Grand) à une activité dépourvue de grandeur (rapetasser / pauvre vie). On passe de l’exceptionnel au banal dans une entreprise de démythification.

- On passe des procédés de l’amplification à la caricature : le grossissement des traits, le mouvement de la phrase qui tourne à la liste...

- On passe de la poésie sublime à des jeux de mots (Tarquin taquin, Pison paysan), on est dans un registre résolument comique.

- Les références savantes sont nombreuses (comme les fleuves des enfers, les noms de l’antiquité) et mélangent l’univers biblique (Lucifer), antiquité grecque (Champs-Élysées), romaine (Romulus), Moyen Age (chevaliers de la Table-Ronde), fictifs (Ulysse), historique (Alexandre)… : on est un peu à la foire, avec d’ailleurs des métiers qu’on trouve principalement dans les foires.

>> c’est l’univers du renversement des valeurs, qui correspond à la tradition carnavalesque du monde à l’envers (theatrum mundi).

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