bilan de séquence

l'homme qui marche II

1. une humanité en marche...

Entraîné par un destin qui le pousse vers l'avant, l'homme moderne est emporté dans un monde en perpétuel mouvement. La stabilité d'un monde fixe et figé dans ses certitudes n'est plus d'époque, l'homme n'est plus au centre du monde (comme à l'époque humaniste), mais il le parcourt, il erre. Cette posture ouvre vers des interrogations telles que : d'où vient-il / où va-t-il… c'est-à-dire quelle est son origine et sa destination, ou encore : sa marche a-t-elle un sens ?

 

2. une humanité qui s’épuise

Dépourvu de vêtements, ce personnage est hors de la société, hors de toute civilisation : dégagé de tout paraître superflu, il représente le néant de l'être. Avec ses pieds et jambes démesurés, cet homme semble emprisonné dans la matière. Son effort consisterait ainsi à avancer pour ne pas s'engluer dans ce socle qui lui retient le talon. Cet effort est souligné par l'aspect filiforme, voire squelettique, des membres, qui témoigne d'une fragilité essentielle. Dépourvue de souplesse, la marche n'est pas un moment de plaisir, mais un but en soi, un but absurde qui mène à la destruction, à l'épuisement.

 

3. une vision tragique de la modernité

La posture en avant du buste, dans l'alignement de la jambe, indique une certaine rigidité du personnage, et même un caractère mécanique, automatique, de cette marche. La symétrie des bras, l'angle droit des jambes, le prolongement de la tête, donnent à penser que le personnage se déshumanise également. Sa marche le conduit vers un amaigrissement, de façon inexorable : son avenir est tragique et absurde. A la fois inhumain et emblématique de l'humanité, l'homme qui marche nous renvoie à une vision pessimiste de l'existence (le souvenir des corps après les camps de la mort a sans doute influencé l'artiste).

 

Conclusion

Personnage solitaire et porté tragiquement par les événements, cet homme mis à nu, dépouillé de ses vêtements de chair, met en scène l'échec de notre société en cessant de paraître pour faire surgir le néant de notre condition.

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