séance 5 : LA lettre 48

lettre 48 des Liaisons dangereuses

 

I. Une lettre d'amour : le spectacle des sentiments

 

1. Une déclaration passionnée

> vocabulaire de la passion témoigne du crescendo du désir : passage de « m'abandonner entièrement à l'amour » / « tout semble augmenter mes transports » / « m'abandonner à des transports » / « une ivresse qui s'augmente » : on a une progression d'amour à transport, puis de transport à ivresse...

> le rythme enflammé des phrases rend compte de la fièvre de Valmont : phrase 1 : passage de « je n'ai pas fermé l'oeil » > « agitation d'une ardeur dévorante » > « entier anéantissement de tout mon être »… comme on a «table / autel sacré »… ou encore : passage du singulier « la froide tranquillité » au pluriel « les passions actives »

>> la passion est sous le signe de la démesure, de l'excès

 

2. le bonheur d'aimer : le débat de l'amour / du désir

> opposition de la raison mortifère : « froide tranquillité / sommeil de l'âme / image de la mort » et de la passion vivifiante « passions actives », qui vont du trouble > tourment > délire.

> opposition du repos raisonnable qui dure au « moment » libertin : « dans ce moment » / « un moment » / « en ce moment »… (cf Crébillon, La Nuit et le Moment) : renouvellement du carpe diem ?

>> Le bonheur sensualiste n'est pas dans l'économie psychologique, mais dans la dépense érotique

 

3. Une passion dévastatrice

> perte du contrôle de soi : « puissance irrésistible », « peine à conserver assez d'empire », « être obligé de... » : le personnage cède à une dépossession de soi

> une violence pathétique : voc tragique : « dévorer / anéantir...exil / privations cruelles »

>> paradoxe du libertin, comme paradoxe du comédien = contrôler les signes de la perte de contrôle

 

II. Une parodie amusante : le spectacle de la manipulation

 

1. un exploit rhétorique : le double sens

> deux niveaux de lecture tout au long de la lettre : va-et-vient entre amour spirituel et physique, de l'amour platonique à l'amour érotique

> registre grivois, qui prend plaisir à désacraliser la passion ou la religion, avec l'exemple de la table / autel

>> un spectacle pour Emilie

 

2. La structure érotique de la lettre

> 1er paragraphe = montée du désir / deuxième paragraphe = retombée du désir. On a deux stratégies argumentatives qui s'opposent : invitation à imiter son bonheur / invitation à prendre Valmont en pitié.

> effets de symétrie : les 2 parties commencent par « je viens chercher auprès de vous / je reviens à vous » et se terminent par deux suppliques, l'une ironique (« pardonnez, je vous en supplie, aux désordres de mes sens »), l'autre pathétique (« vous supplier de me répondre »)

>> la lettre montre une maitrise de l'écriture qui contraste avec la perte de contrôle de la passion.

 

3. Multiplication des destinataires

> lecteur pris dans vertige d'une écriture qui multiplie les points de vue

> Valmont apparaît comme un manipulateur de la gente féminine : la femme manipulée et la femme objet (Emilie) se répondent.

>> lettre permet aussi de mettre en avant la supériorité des libertins.

 

Autres plans possibles :

I. Une lettre pour Tourvel II. Une lettre pour Emilie III. Une lettre pour Merteuil

I. Un jeu épistolaire II. Un exploit rhétorique III. Un exploit érotique

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