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lecture analytique 2

le dialogue amoureux

I. Un personnage-narrateur dominé par la passion et le désir

 

1. Des personnages emportés par leurs émotions

> J Hold : « je vais quitter Tatiana-Karl », discours stéréotypé de l’amant passionné. Ce discours excessif se retrouve dans « je suis épouvanté par les autres gens que Lol », dont la forme passive renvoie également à la passion.

> supplications de Lol : « je vous en supplie, je vous en conjure » on est proche du cri…

> J Hold « ne rentre pas chez » soi. Il est littéralement hors de lui, il erre dans la ville.

> J. Hold et Tatiana-Karl partent en voiture à l’Hotel des Bois, (auto, métaphore du transport amoureux)

 

2. Un sentiment de perte de soi

> images de l’enfermement « Nous sommes enfermés quelque part » « ils viennent de s’élever autour de nous », vécu comme un enfer, avec l’indétermination du lieu et le vocabulaire religieux « on m’offrirait de me sauver ».

> multiplication des négations « je ne rentre pas chez moi. Rien n’est ouvert »…

> l’image de l’auto « tous feux éteints » peut aussi s’interpréter comme celle du désir aveugle.

> L’image du violon qui cesse « laisse derrière lui les cratères ouverts du souvenir immédiat » : c’est l’image du gouffre qui est associée au violon, renvoyant à un imaginaire infernal.

 

3. Une écriture du désir

> Rapidité de l’échange et des phrases « Et vous ? Vous ? Quand ? » / « Elle dit mercredi, l’endroit, l’heure » : on est sous le signe de l’ellipse et du non-dit. La phrase, incomplète, ouvre aussi l’espace imaginaire du désir.

> Rapidité des actions « je frappe à la vitre. Elle a l’habitude. Elle s’habille très vite. Il est trois heures du matin » : on est dans une forme de précipitation, « Mais mardi ? Mardi aussi » : le désir se multiplie.

> une sensualité se laisse entendre : « elle se laisse glisser sur le sol » : les allitérations en [s] et [l] se répondent, et graphiquement, on voit une alliance de courbes féminines (s) et de lignes masculines (l)

 

II. Le désir triangulaire, ou la problématique du même et de l’autre…

 

1. Construction du passage en miroir

> le dialogue entre J H et Lol V porte sur Tatiana-Karl / le dialogue entre J H et Tatiana-Karl porte sur Lol V. Tout désir semble être le désir du désir de l’autre…

> autres effets d’échos : la possibilité d’un témoin : le mari de Lol V, qui joue du violon, est dans la même posture que le mari de Tatiana-Karl

> dans les deux passages, les femmes sont en représentation « elle prend une pose d’une supplication infinie » / « elle tient à faire comme si la chose était secrète », « elle croit passer pour une femme fidèle »

> dans les deux passages, il est question de mardi (effet d’écho)

 

2. Des oppositions : un miroir inversé

> de la pétrification toute verticale (elle se laisse glisser sur le sol / je la relève, des murs viennent de s’élever) au mouvement tout horizontal « le temps de longer la villa »

> de la lumière « je commence à voir clair » à la nuit « tous feux éteints »

> une scène d’intérieur (avec des images d’une intériorité) / une scène d’extérieur (« dans la ville, à S. Tahla »)

> de l’ignorance (« mon ignorance elle-même est enfermée ») à la certitude « j’en suis sûr, P B n’ignore rien »

> Tatiana-Karl devient juste Tatiana alors que Lol reste Lol.

 

3. L’obsession du trois

> rythmes ternaires (Lol supplie 3 fois) Vous ? Vous ? Quand ? / elle dit mercredi, l’endroit, l’heure

> « il est trois heures du matin »

> 3 groupes de 3 phrases à l’intérieur des dialogues : « je cours vers elle... D’autres pourraient s’y tromper. Son visage n’exprime ... » / « Le violon cesse. Il se retire… Je suis épouvanté... » / « J’ai garé l’auto... Nous allons à l’Hôtel… Dans l’auto...» : il s’agit bien d’un principe d’écriture. Les échanges entre Lol et JH comportent 3 répliques pour chaque personnage, alors que les échanges avec Tatiana-Karl sont binaires, de l’ordre de la question-réponse. Dans le rythme ternaire, se joue un déséquilibre, un refus d’une situation simple ou stable, qui fascine le narrateur.

 

III. La révélation du narrateur

 

1. une révélation sur soi

> « D’autres pourraient s’y tromper »

> je commence à voir clair, petit à petit, très très peu

le narrateur accède à une forme de discernement, une compréhension de Lol "les autres personnes que Lol m'épouvantent"

 

2. Lol = celle qui échappe

> « je ne veux pas »

> Lol : image des « murs lisses qui n’offrent aucune prise »

> « je m’ennuie brusquement à la traduire »

> « son visage n’exprime aucune douleur, mais de la confiance »

Le propre de Lol, c'est d'être mystérieuse, insaisissable, et le narrateur la laisse dans cette ambiguïté fondamentale

 

3. le rôle du secret, du caché

> dites pourquoi / je ne veux pas : ouverture de l’éventail des hypothèses. Dans ce refus d’expliquer les causes, l’imaginaire s’emballe. Les raisons sont cachées,

> Obsession du secret de Tatiana-Karl : maintenir l’inter-dit.

On est dans une écriture de l'implicite, du non dit, qui exacerbe le désir.

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