Dissertation

Sujet : le personnage monstrueux est-il seulement un objet de répulsion ?

I. C'est un personnage repoussant, un objet de répulsion

1. Il fait peur

> personnage fantastique ou permettant d'exprimer l'horreur, sa description est superlative, excessive.

> Elephant man a ainsi des traits qui excèdent les limites de la normalité et de l'acceptable. 

>> le monstre est repoussant car il repousse les frontières de l'humain.

2. Il est à l'opposé du héros

> l'identification est impossible avec ce personnage. Au contraire du héros, le monstre est mis à distance.

> En ce sens, L'Etranger de Camus paraît bien monstrueux, au sens où il est étranger à toute forme d'humanité.

>> si le héros est bien un tueur de monstres, le monstre est ce qu'il faut repousser jusqu'à la mort.

3. Un outil qui permet de dénoncer

> Le monstre est un repoussoir qui peut incarner des idées et des idéologies

> Les monstres de Zola (alambic, puits du voreux, halles...) sont des mythes dévorateurs instrumentalisés pour dénoncer une société monstrueuse

>> Repoussoir par excellence, le monstre devient ainsi un outil argumentatif

 

II. Un personnage ambigu, spectaculaire...

1. Un personnage qui attise la curiosité

> le monstre éveille un désir de voir, comme la bête de foire qui est exposée dans L'Homme qui rit.

> il éveille une réflexion sur le paraître, le monstre rappelle à travers son étymologie l'univers du spectacle

>> c'est un personnage repoussant qui sait attirer le public

2. Un personnage fascinant

> objet d'attraction et de répulsion, c'est un être oxymorique et paradoxal

> entre grotesque et sublime, Quasimodo, défiguré, est capable de se transfigurer lors de la fête des fous. Personnage hybride, comme les sirènes ou le sphinx, c'est un être hypnotisant, devant lequel on ne peut être que "médusé"

>> le personnage repoussant attire les regards, qui hypnotise

3. Un personnage ambigu

> le monstre peut se révéler humain... comme Frankenstein

> les humains peuvent se révéler monstrueux... comme dans Un Fou de Maupassant

>> le monstre questionne et intrigue plus qu'il ne repousse

 

III. Une machine à écrire : le monstre n'est pas tant ce qui repousse, que ce qui nous échappe

1. Un défi pour l'écrivain

> personnage excessif et hors norme, il dépasse les limites de l'imagination. Cf Hugo : "nous n'essaierons pas de donner une idée..."

> le monstre est ainsi l'indicible, l'innommable. Lantier est dans l'impossibilité de nommer son mal, cette fêlure qui lui échappe essentiellement

>> le monstre est donc ce qui échappe, ce qui n'entre pas dans les cadres habituels de la pensée et du langage. Plus qu'un objet de répulsion, c'est une quête pour l'écrivain.

2. Une créature qui pose la question de la création

> le monstre est un échec de la création : il rompt l'harmonie du monde, renvoie au chaos et fait planer la menace d'un monde à l'envers

> le héros civilisateur est ainsi un tueur de monstres (Hercule, Ulysse...) et le monstre menace de renvoyer à des temps primitifs (Saturne dévorant ses enfants)

>> La laideur du monstre renvoie à une sauvagerie qui nous échappe. Le monstre, ce n'est pas ce qui me repousse, c'est ce qui m'échappe...

3. L'écriture monstrueuse

> La phrase qui tente de cerner le monstre peut devenir labyrinthique.

> "Celui dont on doit taire le nom" dans Harry Potter, évoque bien le paradoxe d'un personnage qui échappe à la nomination. Mais Mr Hyde signifie aussi "ce qui est caché", ce qui ne peut être clairement identifié

>> Entre périphrases et détours métaphoriques, le monstre est ce qui échappe à l'écriture.

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