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lecture analytique : Ruy Blas

le meurtre de Salluste

rappel du plan développé en classe

 

I. Une scène de meurtre spectaculaire

1. une scène d'action

2. un coup de théâtre mélodramatique

3. une gestuelle spectaculaire

 

II. Une opposition maître valet

1. un maître diabolisé

2. un valet héroïsé

3. un valet transfiguré, sacralisé

 

III. Une scène de renversement des valeurs

1. un renversement du pouvoir social, moral et politique (la grandeur du petit)

2. un renversement esthétique (un duo de comédie dans une situation tragique, refus des règles classiques et de la bienséance)

3. une révolution des mentalités : l'esthétique de l'antithèse

 

Pour aller plus loin :

I. Une scène de meurtre spectaculaire

 

1. Une rupture entre passé et avenir

> une tirade qui oscille entre le passé (où Salluste est sujet) et le futur (où Ruy Blas est sujet)

> une scène de seuils : la porte fermée (lignes 3-6), la fenêtre fermée (15-16)… les « murailles »… et le cabinet. Il s'agit vraiment d'une scène charnière, d'un moment clé...

>> coup de théâtre du mélodrame

 

2. Une scène d'action

> importance des didascalies et des verbes de mouvement

> rythme des répliques de plus en plus court, vers le cri et la stichomythie

>> l'accessoire, l'épée, est au centre de la scène, et encadre notre passage

 

3. Une action spectaculaire

> une action redoublée dans le discours (« je me blâme d'accomplir devant vous ma fonction » : le geste est commenté, mis à distance dans le discours / « il faut étouffer cette affaire en ce lieu » : les démonstratifs insistent de la même façon sur ce qui est vu)…

> la vue est comme mise en abyme (ligne 56 « Vois-tu bien ») / « vous vous figurez que je vous verrai faire » :

>> parole performative et spectaculaire du valet : « C'est dit… Allez là dedans prier Dieu » / « oui, je vais te tuer...

 

II. Un valet en redresseur de torts

 

1. La diabolisation de Salluste

> un personnage transformé en monstre : « vous »> « marquis »> « cet homme » > « c'est un monstre »> « il » : mise à distance jusque dans la mise en scène avec l'utilisation de la non personne.

> une nomination dégradante : « Monseigneur, lorsqu'un traître, un fourbe tortueux, / Commet de certains faits rares et monstrueux » : passage vers l'indéfini, qui tranche avec l'appellation ironique « Monseigneur ». « Oui, je vais te tuer, monseigneur, vois-tu bien ? Comme un infâme ! Comme un lâche ! Comme un chien ! » : on retrouve l'appellation ironique, avant le rythme ternaire

>> personnage associé au Mal, depuis son lien avec Satan, jusqu'à la dernière appellation « Démon ! »

 

2. Une voix d'ailleurs

> énonciation générale, une voix qui prend de l'ampleur : « on écrase un serpent qu'on rencontre » puis « tout homme a droit, sur son passage, / De venir lui cracher sa sentence au visage, / Et de prendre une épée, une hache, un couteau ! » : l'énonciation moraliste, générale, fait entendre la voix de la raison qui reprend les droits universels de l'homme.

> personnage qui monopolise le temps de parole, avec la tirade.

>> un langage qui fait exploser la syntaxe : importance des tirets, d'une phrase qui a du mal à être articulée… C'est un langage transgressif, une voix d'ailleurs.

 

3. La voix de la justice (divine)

 

> une voix divine : les références religieuses font de Ruy Blas le bras vengeur de la Providence : « Allez là dedans prier Dieu » / « Le démon ne peut plus être sauvé par l'ange ». Le meurtre est justifié par « tu meurs puni », qui sonne comme un châtiment.

> Les exclamations « Pardieu » et « Ciel » laissent entendre d'ailleurs qu'il accomplit le destin divin.

>> Dimension faustienne du personnage où se rejoue le pacte avec le diable. Ruy Blas reprend la figure de Saint Michel ou Saint Georges terrassant le mal.

 

III. Un renversement des valeurs très théâtral

 

1. Une esthétique du renversement : l'opposition et l'antithèse

> Ruy Blas en opposition avec le Marquis : « Noble ou manant », dimension sociale soulignée : Maître ! Est-ce que je suis un gentilhomme, moi ? / Un duel ! Fi donc ! Je suis un de tes gens à toi, valetaille de rouge et de galons vêtue, un maraud qu'on châtie... »

> Opposition du marquis et de la reine : « Le démon ne peut plus être sauvé par l'ange »

>> le Marquis est mis en échec par la reine et par celui qu'il considérait comme un pion !

 

2. Un renversement politique et moral : la grandeur du petit

> Ruy Blas incarne ce renversement : il apparaît « terrible, l'épée de don Salluste à la main. » et sort de scène « pâle, sans épée ». Le passage est encadré par cette opposition qui transfigure le héros

> Surtout, son jeu de scène le grandit, il finit « levant son épée » quand la reine est « à genoux »

>> Cette verticalité est soulignée par les intonations des dernières répliques de Ruy Blas : une question, ascendante « As-tu bientôt fini » est suivie d'une exclamation descendante « tu meurs puni », mimant ainsi le mouvement de l'épée qui se lève et s'abat.

Notons l'importance des exclamations qui signifient la chute du marquis.

 

3. Du duo de comédie au duel tragique : le renversement des genres

> renversement mis en scène dans les pronoms (le valet tutoie le maître), et on supplie le valet de rendre Grâce…

> le duo de comédie maître valet devient ici un duel tragique : cette révolution est visible grammaticalement : « Un maraud qu'on châtie et qu'on fouette, – et qui tue ! ». Le personnage du valet était objet, il devient sujet. Renversement spectaculaire souligné par le tiret qui met en spectacle la pointe (piquante) de la réplique

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