doc cinéma : Star wars

le schéma de l'initiation dans l'Empire contre-attaque

quelques éléments à retenir :

1er extrait : 0’52 > 0’54’’55 (3 min) : la reconnaissance du maître

espace intérieur confiné, de nuit. On est dans une grotte, au plafond bas, avec des cloisons qui insistent sur l’impression d’écrasement, et les personnages se resserrent dans le plan. On se cogne contre les murs, Luke est forcé de se centrer sur lui-même, de se replier sur lui-même comme pour mieux rentrer en soi (pourquoi veux-tu être un jedi / un jedi ne doit pas regarder l’horizon, mais habiter l’instant présent). Cette grotte : un avatar de la caverne de Platon ?

Yoda est du côté de la lumière, il nourrit le disciple… et sa perception évolue. Jeu sur les pronoms de la 3ème personne (non personne) : on parle de Yoda à la 3ème personne, comme s’il n’était pas là. Puis Yoda parle de Luke à la 3ème personne. La communication ne passe pas entre eux. Nouvelle voix off, qui constitue à proprement parler une 3ème personne : Obi Wan Kenobi, qui n’est pas présent physiquement dans la scène. Il semble être entendu des 2 personnages. La communication se met alors en place, et Luke reconnaît son maître. Changement de ton de la voix et apparition de la musique. On finit sur un vrai dialogue, souligné par le champ contre-champ.

 

2ème extrait : 0’58 > 1’02’’45 (4 min) : l’épreuve initiatique

espace extérieur, sombre, d’une forêt avec des oiseaux nocturnes. Plan plus large, mais avec de nombreuses lianes qui figurent les liens, les nœuds qui étouffent le héros, et dont il devra se défaire. On perçoit le maître sur les épaules de Luke, sorte de voix de la conscience, qui développe des aphorismes, des leçons. On a à la fois le travail du corps et de l’esprit. Pourtant, après échange de questions-réponses, le maître décide de se taire, de finir son enseignement par la parole.

Arrivée devant la grotte : les deux personnages se séparent physiquement, et Luke va se retrouver seul pour une épreuve. Luke va y trouver « ce qu’il y apportera » : il s’agit de se confronter à soi-même. On voit le personnage s’enfoncer, disparaître, il y a un écran noir, puis il s’enfonce par une étroite ouverture : cette épreuve reprend les codes d’une descente aux enfers des héros de l’épopée, tels Ulysse, Hercule, énée… On retrouve un bestiaire terrifiant. Il faut comprendre que c’est une descente en soi, un cheminement intérieur. La rencontre avec Vador signifie que ce dernier est un démon qui le hante, c’est l’obscurité au cœur de l’obscurité. Le visage qu’il découvre derrière le masque est d’ailleurs le sien, comme s’il craignait de se retrouver en Vador. Le sens de l’épreuve n’est cependant pas entièrement livré, et l’initiation doit continuer, c’est la raison pour laquelle on finit sur le maître.

 

3ème extrait : 1’05 > 1’10’’0,3 (5 min) : leçon de Yoda : l’art de s’élever

Une clairière entourée d’arbres, avec un lac. L’espace s’ouvre petit à petit. Yoda est en équilibre sur Luke qui fait le poirier : une position de supériorité étonnante, défiant la gravité. Les lois de la physique sont d’ailleurs défiées puisque l’exercice n’est pas que physique, c’est aussi un exercice de concentration qui doit faire déplacer des objets à distance. En même temps, le vaisseau de Luke s’enfonce dans le lac. Ce double mouvement d’élévation / enfoncement perturbe notre héros, littéralement divisé, écartelé… et c’est la chute, comme si le mouvement vers le bas était plus fort. Effort du maître : renverser ce mouvement. « tu dois désapprendre ce que tu as appris » : l’antithèse montre ce désir d’inversion des valeurs qui doit s’effectuer au cœur du héros. On est sous le régime de l’antithèse : « fais-le ou ne le fais pas » : cette révolution doit être complète. Ce que le maître attend, c’est une conversion, une métanoïa : une révolution intime.

L’échec de Luke se manifeste par le mouvement vers le sol : son bras se baisse, en même temps que le regard de Yoda, il s’assoit par terre, comme le vaisseau qui rejoint les profondeurs. Luke n’est pas capable d’élévation. Paroles de Yoda : la maître redonne de l’élan, et la musique souligne ce regain de vigueur. Après les paroles viennent les actes, et il fait surgir le vaisseau, ce qui amène à faire se relever Luke… Le plan s’élargit et devient lumineux.

On finit dans un dialogue qui oppose celui qui croit et celui qui ne peut pas croire. Luke est un être qui manque de foi.

 

Bilan :

1. des scènes de plus en plus longues : 3, puis 4, et 5 min, et de plus en plus ouvertes. Le temps et l’espace s’ouvrent à mesure que l’initiation avance : l’initiation est une libération, une ouverture des horizons. Elle se termine avec le vaisseau, qui symbolise la destinée, la voie choisie par l’initié.

2. L’initiation est cependant surtout un cheminement intérieur, un acte de foi qui suppose une conversion. Ce changement radical se fait sur le monde de l’antithèse, qui signifie la rupture entre celui qu’on était et celui qu’on doit devenir. L’attitude religieuse exigée s’oppose aux lois physiques de la nature, et vise à un contrôle de soi. La concentration et l’affrontement de démons intérieurs doivent amener à changer la vision du monde.

3. Le maître est celui qui permet de s’élever (le disciple est un élève qui s’élève), et qui permet de se relever après l’échec. Il dirige à la fois le dialogue et l’action.

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