metropolis

La déshumanisation dans Metropolis de Fritz Lang

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

I. Le rôle monstrueux de la ville

1. Une ville inhumaine

C’est le lieu de la démesure, de l’aliénation des hommes dévorés par le gigantisme. Cette vision pessimiste fait de la ville un symbole moderne qui partage les hommes au lieu de les rassembler. L'organisation verticale de Metropolis laisse apparaître des divisions sociales radicales : en haut se trouve l'élite, tandis qu'en bas le prolétariat ouvrier survit dans les profondeurs privées de la lumière naturelle du jour. La ville se caractérise par une architecture anguleuse, une rectitude aussi figée que la structure de la société. Cette ville futuriste devient une anti-utopie urbaine où la technique asservit les hommes.

 

2. Un personnage à part entière

Le nom de la ville est aussi le nom du film, comme si c’était le personnage principal de l’histoire. Le décor urbain occupe d’ailleurs toute l’affiche du film. Mais cette ville est aussi pourvu d’un « cœur machine », et ses vapeurs semblent témoigner de sa respiration, ses rouages rendent compte de sa vitalité. La ville est ainsi vivante, et prend même la dimension d’un monstre mythique. Les références à Moloch, à Babel, ou encore à Babylone… font de cet espace futuriste un lieu où les mythes les plus primitifs ressurgissent.

 

II. Une modernité inhumaine

1. La déshumanisation des ouvriers est poussée à l’extrême.

N’incarnant plus que des forces élémentaires, les travailleurs écrasés par le décor sont vus le plus souvent de dos, en plan général. Ils marchent les épaules voûtées, la tête tombant sur la poitrine, les bras collés au corps. Leurs pas réguliers épousent le rythme des machines. Les costumes gris achèvent de les dépersonnaliser, de les fondre dans la monotonie du décor. Leur masse s’ordonne de façon géométrique (blocs carrés, rectangle), afin de montrer qu’ils ont perdu toute personnalité.

 

2. L’homme est dépendant du travail et de la machine.

Soumis à la cadence des machines, le travailleur exécute des gestes répétitifs dont la finalité n’est pas clairement identifiée. La technologie a réduit l’humanité à l’esclavage. Dans le bureau du père de Freder, on retrouve également cette soumission des hommes au travail : simultanéité des attitudes, tête baissée sur les papiers... Leur dieu est Fredersen auquel ils obéissent aveuglément, sorte de double humanisé de Moloch. Dans Metropolis, s’il fait également corps avec sa machine, le travailleur devient la proie de celle-ci.

 

3. le robot (la femme-machine)

Le métissage entre l’Homme et la machine trouve ici sa traduction ultime dans la création de la femme-machine. Rotwang, son inventeur, relève plus de l’apprenti sorcier que du sage. Il est l’héritier des alchimistes du Moyen Âge qui furent parmi les premiers à développer le concept d’androïde. C’est un être passionné, tiraillé entre l’amour (pour la défunte Hel) et sa quête de savoir. Le savoir et la recherche scientifique exposent l’Homme à la faute fondamentale, à l’hybris des anciens Grecs, et, par voie de conséquence, au châtiment divin. Le robot est le résultat à la fois d’une expérience (le laboratoire de Rotwang est équipé de matériel scientifique moderne) et de pratiques occultes : le robot, avant sa transmutation, est assis sous un pentagramme inversé, symbole de Satan et de Baphomet, l’idole mystérieuse que les Templiers furent accusés de vénérer.

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