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corpus : le tyran

Textes de Machiavel, Pascal et Voltaire

 

Le portrait du tyran :

 

1.un être féroce et violent

> Voltaire décrit le pouvoir tyrannique à travers les violences exercées. Se mettant lui-même en scène, il évoque d’abord la soumission du corps : « j’en suis quitte pour me ranger contre un mur », « ou pour frapper la terre de mon front ». On notera une gradation dans cette agression physique à travers les verbes « je suis exposé », « je suis écrasé », « je suis ruiné ». La métaphore du marteau et de l’enclume fait du tyran un bourreau, et de ses sujets, des victimes.

> Machiavel évoque ainsi la violence nécessaire au prince, qui est à l’image de Chiron, « demi-bête et demi-homme ». Le prince tient son pouvoir de la force, puisque les lois ne suffisent pas. Le vocabulaire militaire qui domine notre extrait en témoigne.

 

2. un personnage manipulateur

> un personnage qui utilise la ruse : le machiavélisme consiste en effet à utiliser tous les moyens pour arriver à ses fins. La ruse est donc une qualité du prince, qui est capable d’utiliser la force et de paraître «  toute miséricorde, toute bonne foi, toute droiture, toute humanité, toute religion ».

> Si cette manipulation vise le bien de la cité, en revanche, chez Voltaire, le tyran utilise les lois pour des fins personnelles, des caprices.

 

3. il règne sur un univers d’apparences

> Pascal souligne à quel point les grandeurs d’établissement s’appuient sur des rituels théâtralisés, « certaines cérémonies extérieures ». Le comportement devant un prince est décrit comme les didascalies d’un acteur : «  Il faut parler aux rois à genoux ; il faut se tenir debout dans la chambre des princes »

> ce règne des apparences est également présent chez Machiavel « Les hommes en général jugent plus par les yeux que par les mains ; car il échoit à chacun de voir, à peu de gens de percevoir. Chacun voit ce que tu parais, peu perçoivent ce que tu es » : le spectacle du pouvoir est en effet ce qui permet de dominer les foules. Le pouvoir s’appuie sur des symboles, que la foule ne remet pas en question « le vulgaire se trouve toujours pris par les apparences ». la tournure passive insiste sur la passivité de la foule éblouie par le spectacle du pouvoir.

 

4. une impossible critique

> Voltaire dénonce un pouvoir qui ne peut, dès lors, être critiqué. L’ironie qui perce dans les expressions « Il n’y a point de ces tyrans-là en Europe » et «  Il n’y a pas non plus de cette espèce de tyrans en Europe » laisse penser qu’on ne peut dire ouvertement que les dirigeants de l’Europe sont des tyrans, mais qu’on peut le penser implicitement.

> Cette critique, qui ne peut être formulée ouvertement, est également caractéristique de la pensée de Pascal, qui distingue les grandeurs naturelles et les grandeurs d’établissement afin qu’on puisse avoir un jugement critique : «  en vous rendant les devoirs extérieurs que l’ordre des hommes a attachés à votre naissance, je ne manquerais pas d’avoir pour vous le mépris intérieur que mériterait la bassesse de votre esprit ». De même que le prince de Machiavel cache ce qu’il est, de même, le sujet pascalien cache ce qu’il pense.

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