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séance 8 : vers la dissertation

R. BARTHES, « Texte (Théorie du) », Encyclopedia Universalis, 1973

« Tout texte est un intertexte ; d'autres textes sont présents en lui, à des niveaux variables, sous des formes plus ou moins reconnaissables : les textes de la culture antérieure, ceux de la culture environnante ; tout texte est un tissu nouveau de citations révolues. Passent dans le texte, redistribués en lui, des morceaux de codes, des formules, des modèles rythmiques, des fragments de langage sociaux, etc., car il y a toujours du langage avant le texte et autour de lui. […] L'intertexte est un champ général de formules anonymes, dont l'origine est rarement repérable, de citations inconscientes ou automatiques, données sans guillemets. »

 

Tout est réécriture : on peut envisager la littérature comme :

 

- un art de la variation :

Jusqu'au 17ème, l'originalité n'est pas recherchée, mais l'imitation des Anciens, visant à leur rendre hommage, était un idéal.

De plus, les mythes fondateurs de notre culture, qu'ils soient judéo-chrétiens ou gréco-romains, sont sans cesse réécrits (c'est le propre d'un mythe).

Enfin, la réécriture ne concerne pas seulement la littérature, l'innutrition est un principe (conscient ou inconscient) qui innerve tous les arts : l'adaptation est un principe de la création.

 

- un art de la subversion

Les modèles peuvent aussi être tournés en dérision : le burlesque fait rire parce qu'on s'attaque aux références qui font autorité.

Le plaisir de la parodie, comme du pastiche, est alors un plaisir de connaisseurs, de lettrés, qui savent déchiffrer les clins d’œils de l'auteur complice.

La réécriture permet alors de faire évoluer les valeurs esthétiques (la beauté) ou idéologiques (le stoïcisme/ la résistance) : elle met en avant le regard critique de l'auteur.

 

- un art de l'obsession

Un écrivain ou un artiste qui revient sans cesse sur les mêmes motifs, les mêmes thèmes, les mêmes images, est dans une quête visant à approfondir des mythes personnels.

La littérature est un art de la répétition : on peut repérer des scènes qui reviennent sans cesse (un topos, ou lieu commun) comme les scènes de première vue, scènes de meurtre, les thèmes lyriques…

A la réécriture correspond le geste de la relecture : Barthes « la relecture seule sauve la lecture de la répétition (ceux qui négligent de relire s'obligent à lire partout la même histoire)… Autrement dit, la lecture est aussi un geste obsessionnel, répondant au désir sans fin de comprendre.

 

Sujets possibles :

Réécrire, ce n'est pas seulement dire autrement, c'est dire autre chose.

Réécrire, est-ce chercher à dépasser son modèle ?

La connaissance du texte source permet-elle de mieux saisir le sens d'une réécriture ?

 

Recherche d'exemples :

- dans la séquence : Rome de Virgile à Du Bellay / Vénus chez Hugo Rimbaud Baudelaire Valéry/ Le chêne et le roseau D'Esope à Anouilh / Queneau et les exercices de style / "Il n'y a pas d'affaire Macé Scaron"

- dans les séquences précédentes : la parodie du combat épique, les réécritures de l'utopie, la réécriture de lettres dans les Liaisons ("ce n'est pas ma faute")

- réécritures et adaptations : du livre au film (Persépolis), du livre à la BD (Le rapport de Brodeck), de la pièce de théâtre au film...

- dans le manuel : les réécritures de Médée, de Dom Juan, et du mythe de Progné et Philomèle

etc...

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