séance 1 : Réécritures de Rome

De Virgile à Du Bellay

Texte 1 : Virgile, p 444

 

Pour montrer la grandeur de Rome, sous le règne d'Auguste, Virgile installe l'image d'une ville, puis d'une déesse qui lui ressemble par de nombreux points : la ville a ses murailles de tours / la déesse est couronnée de tours, l'une sera « féconde en héros », l'autre « heureuse d'avoir enfanté des dieux »… Virgile utilise l’hyperbole : « l’illustre Rome », « égalera son empire à l’univers et sa valeur à l’Olympe » ; l’accession à un pouvoir universel et divin (dont Virgile raconte l’origine à travers l’origine de Romulus) ; la valeur des Romains : « ville féconde en héros ». La ville est sujet de verbes d'actions, elle est personnifiée et se hisse ainsi au rang de mythe.

 

Texte 2 : Du Bellay, Les Antiquités p 443

 

Du Bellay propose dans ce sonnet une image de Rome majestueuse dont le charme provient des références savantes et poétiques à l’antiquité, notamment en adaptant Virgile. Le présent apparaît en contrepoint fade et modeste.

 

Les figures de style dans le poème et la traduction :

Les images de Virgile sont reprises dans « Telle que dans son char la Bérécynthienne » mais les murailles n’y figurent pas. C’est la grandeur de Rome qui est mise en valeur par du Bellay.

l’hyperbole « Rome la grand’ » dans la traduction mais pas dans le poème, comme les sept murailles ;

la fécondité : plus développée dans la traduction (« grosse d’enfants », « mère des dieux », « tant de déités », « cent neveux ») ;

les effets d’agrandissement : « la rondeur du monde » / « le pouvoir du monde » et « puissance à la terre », «son courage aux cieux » / « son courage aux cieux ». Joachim du Bellay conserve les éléments les plus flatteurs et oublie les détails plus pittoresques que la ville aux sept collines.

La forme du sonnet l’amène à faire des choix.

 

Virgile et du Bellay arrivent à montrer le caractère unique de la ville en établissant des liens improbables entre une ville mortelle et une déesse adorée dans plusieurs temples.

 

Le figure du parallélisme dans "Telle que dans son char":

- dans le premier quatrain, on a un parallélisme entre Rome et Cybèle (comme dans le texte source)

- Entre les deux quatrains, on a un parallélisme des premiers vers où Cybèle est présentée à la rime comme "La Bérécynthienne" puis "la Phrygienne"

- dans le deuxième quatrain, le mot "pouvoir" est repris du vers 6 au vers 7, puis le mot "grandeur" est repris dans un chiasme au vers 8. Les parallélismes structurent ainsi non seulement les strophes, mais aussi les vers...

- dans les tercets, jusqu'à la pointe, les parallélismes mettent en avant la figure de Rome.

Cette figure permet au poème de dédoubler la ville, comme en faisant du poème un miroir, un reflet de sa grandeur passée. Surtout, dans cette perspective, on peut avoir en tête que le poème de Du Bellay est un reflet du texte de Virgile, où le français rivalise avec le latin.

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