A propos de la 1ère partie des Liaisons

50 lettres échangées entre le 3 août et le 1^er septembre de l'an 17**…

I. Rapprochement entre roués et naïfs :

>> Ouverture : 2 dialogues : entre 2 filles du couvent / entre 2 libertins : le contraste entre les illusions des unes et les mensonges des autres donne le ton de cette 1ère partie. Univers double qui rappelle la duplicité de la société, qui évolue dans le double décor de Paris / Campagne.

>> on note de nombreux échos, miroirs, symétries (comme chez Crébillon) : - lettres 12-13 : rapprochement de Cécile / Merteuil // - lettres 24-26 : entre Valmont et Tourvel => 2 triangles amoureux, 2 couples de roués, 2 couples de jeunes naïfs, 2 femmes vertueuses (Volange et Tourvel)…

>> on note enfin une double victoire de la vertu : Cécile éloigne Danceny, Tourvel obtient l'éloignement de Valmont.

II. La lettre comme outil de manipulation : censée être gage d'authenticité, la lettre est au contraire sous le signe de l'illusion :

- les mêmes faits sont vus à travers plusieurs points de vue : Valmont et la comédie de la générosité (opposition aussi des points de vue de Volanges et Tourvel sur la moralité de Valmont), lettre 48… : on reprend même les mots de l'autre, avec un usage de l'italique qui montre que le langage de l'autre est suspect. La polyphonie du roman permet au lecteur de ne pas être dupe de ce monde d'illusions.

- La lettre est susceptible d'être un point de vue d'autant moins fiable qu'elle peut être falsifiée (timbre de Dijon), déchirée / recollée, transmise à un tiers…

- On ne cesse d'insister sur le désir d'avoir les lettres des autres : Merteuil insiste pour avoir les lettres de Cécile et Danceny, Valmont veut savoir qui écrit à Tourvel pour lui dire de se méfier. Les lettres permettent de maitriser les relations, c'est un objet de pouvoir. Aussi les personnages sont-ils inquiets d'avoir le droit de s'écrire.

- Ecrire, c'est se compromettre… les lettres sont des objets de pouvoir : Merteuil veut ainsi une preuve écrite de la victoire de Valmont.