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L'affiche de Mucha

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Lorenzaccion est une pièce qui n’est pas destinée à la représentation : la première représentation est incarnée par Sarah Bernhardt en 1896. C’est une femme qui représente Lorenzo, et l’affiche va célébrer cette incarnation, le travail de l’actrice.

 

Le format allongé met en valeur le corps de l’actrice, avec les cheveux coupés à la garçonne et un habit style renaissance. La figure en pied peut se lire comme un hommage à l’incroyable présence scénique de l’actrice. Représentée de manière jeune, à 50 ans, sous les traits masculins, quand elle est femme, c’est souligner sa puissance d’incarnation, qui lui permet d’être absolument autre. On se demande si le personnage désigne Lorenzo avec son livre qui signale son ancienne jeunesse, ou si c’est l’actrice qui pense à son rôle, tenant un exemplaire de Musset entre ses mains…

 

La silhouette se découpe sur un fond orné de riches arabesques qui rappellent les motifs des étoffes du temps de Lorenzo. Une arche sert d’écrin, avec une bordure en caractères romains où on lit le nom de l’actrice et la date. Aux pieds de Lorenzo, on devine la dague qui sera au centre de l’action. Un monstre hideux et ailé, symbolisant le duc Alexandre, déploie son corps autour du cintre de la niche. Le dragon plie ses formes compliquées à l’espace réduit que l’artiste lui accorde. Entre le visage de Lorenzo et le monstre, le blason des Médicis établit une symétrie. L’accent est mis sur la trame narrative, qu’il s’agit de simplifier, de styliser, plutôt que sur la richesse et la complexité de la pièce.

 

L’esthétique décorative de l’affiche est en accord avec la légèreté de la Belle époque qui assure la transition entre le 19ème et le 20ème siècle. On voit un refus de présenter la perspective ou les ombres : on ne présente qu’un tragique de surface, une violence retenue et politiquement correcte. L’art nouveau prend son essor et développe les motifs raffinés à partir de formes végétales. On a alors une sorte d’osmose entre la femme et la fleur, dans cette affiche où la densité des éléments graphiques fond le personnage dans son environnement.

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