lecture analytique

le portrait de Houellebecq

En s’intéressant à l’œuvre de Jed Martin, le narrateur évoque les commentaires qu’ont pu en livrer les historiens d’art (l. 1), les historiens de la littérature (l. 3), les partisans de l’école réaliste (l. 9) ou de l’école formaliste (l. 10) mais aussi les spectateurs (l. 14) ou le poète-critique fictif Wong Fu Xin. Tous les protagonistes du milieu artistique deviennent donc des cibles du narrateur.

 

I. Un tableau vivant

1. Le portrait de Houellebecq comprend des verbes de mouvement comme "se jette" (l. 20) et il est rédigé au présent, ce qui le rend particulièrement vivant. Le discours critique apparaît dans les modalisateurs tels que "léger" (l. 19) ou "beaucoup plus contrasté" (l. 27) ou des termes mélioratifs, comme "l’incroyable expressivité du personnage" (l. 15).

2. Si le fond du tableau est rapidement évoqué à la ligne 15, il est immédiatement délaissé pour le personnage principal qui l’éclipse. Le narrateur peint son mouvement général ainsi que son état de transe (l. 18) avant d’amorcer un effet de zoom sur sa main. La fin du texte s’intéresse à l’éclairage dans le tableau qui souligne le visage du sujet et ses mains. La description de l’œuvre suit donc le mouvement de l’œil de l’observateur.

3. Ce texte nous plonge dans le milieu artistique, au croisement de la littérature et de la peinture. Les critiques prennent le dessus sur l’œuvre elle-même, la surinterprétant parfois. Le portrait propose une mise en abyme de l’écrivain au travail. Houellebecq se tourne ainsi en dérision, lui et son activité littéraire, en se décrivant en proie à la légendaire furor poétique supposée inspirer les auteurs.

 

II. Un portrait étonnant

1. Le sujet du tableau est d’abord assimilé à une créature monstrueuse par la mention de sa "furie démoniaque" (l. 18-19). Le mouvement de sa main évoque ensuite la rapidité d’un cobra qui se détend pour frapper sa proie (l. 20). Enfin, ses mains aux doigts crochus rappellent les serres d’un rapace (l. 30). L’analogie entre le sujet et des créatures malfaisantes ou des prédateurs étonne et inquiète.

2. Houellebecq fait ici preuve d’humour en s’érigeant en personnage de roman : Houellebecq aimait au cours de sa phase de travail punaiser les murs de sa chambre avec différents documents (l. 4). Le lecteur ne sait pas s’il s’agit d’une information véridique sur la façon dont travaille l’auteur. L’auteur peint également son portrait de façon très négative : l’auteur paraît en état de transe, possédé par une furie que certains n’ont pas hésité à qualifier de démoniaque (l. 18).

3. Les points de vue s’emboîtent dans cet extrait puisque le lecteur découvre le portrait de Houellebecq à travers le regard des spectateurs au moment de la présentation du tableau (l. 14), ou bien à travers celui du critique Wong Fu Xin. Décrit par le prisme des critiques et commentaires, le tableau est ainsi mis à distance et gagne en épaisseur et en réalisme, ce qui conduit le lecteur à se demander si ce portrait existe vraiment.

 

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