Créer un site internet

séance 1 : parodies de Hamlet

travail du corpus

1. La désacralisation du spectre : le refus du tragique

- le ton tragique du spectre de Hamlet (évocation des flammes de l'enfer, vocabulaire visant à créer terreur et pitié) devient pathétique dans la machine infernale, et comique chez Gotlib avec l'anachronisme de la photographie.

- Les éléments fantastiques sont dédramatisés : comme dans l'exposition d'Hamlet, la scène se passe de nuit. Les marécages, le sang, le fantôme, la mise en garde surnaturelle, l'apparition du fantôme… construisent le cadre inquiétant de la pièce, mais le dialogue est en décalage avec le ton de la conversation et la dimension fantastique, à l'image du fantôme, n'apparaît qu'en arrière plan, inaudible.

- l'échange avec l'au-delà permet au spectre de développer un discours plein d'images chez Shakespeare, alors que cet échange avec l'au-delà est rendu impossible chez Cocteau, ou dérisoire chez Gotlib

 

2. la caricature : le refus du sérieux

- le mythe d'Oedipe et l'histoire d'Hamlet sont traités avec une dérision irrévérencieuse. Le vocabulaire refuse toute tonalité solennelle et est volontiers familier : « vous allez faire perdre la tête à ce pauvre gamin », « C'est comme qui dirait une espèce de statue », « Tiens, on n'y avait pas pensé » : on est dans le domaine de la caricature, du trivial. Dans la logique burlesque, les références nobles sont détournées et traitées de manière humoristique. La reine est d'ailleurs dépourvue de la grandeur tragique qui sied au personnage, elle est intéressée par le jeune soldat, son vocabulaire est familier («  dites, petit soldat »…) et elle est associée au désir (Zizi, « je veux toucher la place exacte », elle pose les questions, poussée par le désir de savoir…)

- Chez Gotlib, on peut voir des reprises dérisoires de certains motifs : le drame familial devient labyrinthique « il sera en même temps mon frère et mon cousin germain, et si le beau-frère de la bru... ». On est ici dans la logique de l'absurde, comme lorsque Hamlet passe le temps en jouant avec un bilboquet en forme de squelette. L'asticot est enfin un pâle reflet de « le serpent qui a mordu ton père... ». Le dessin donne enfin une caricature de la mélancolie d’Hamlet par un allongement excessif de son visage, comme il donne à voir le père du roi vivant plus mort que vif.

 

3. une ironie littéraire : le rire des initiés

- Oedipe, nouvel Hamlet ? En comparant les deux personnages, on renvoie dos à dos l'action ignorante (Oedipe) et le savoir qui pétrifie (Hamlet). On est ici dans une forme d'ironie littéraire, un jeu de réécritures pour un public savant, qui reconnaît les références implicites. Ces clins d'oeils se multiplient chez Gotlib, avec le crâne qui renvoie au monologue « être ou ne pas être », l'asticot qui fait surgir la réplique célèbre « il y a qqch de pourri au royaume de Danemark ». Cette logique est portée à l'absurde avec l'écho à Star Wars « je suis bien ton père ».

- Les textes se répondent, se font écho : « on connaît ce genre d'histoire » signale dans Cinémastock que le texte est devenu stéréotype, archétype. Mais de manière plus subtile, les textes se commentent : « il parlait vite et beaucoup… et il s'embrouillait, et il n'arrivait pas à dire ce qu'il voulait dire » = référence au discours du spectre dans Hamlet.

Ajouter un commentaire