Apollon, Dionysos, Orphée

les origines de la poésie

La poésie, c'est divin ! Chacune des Muses, Filles de Zeus et de Mnémosyne (la Mémoire), transmet « l’enthousiasme » (la « fureur » poétique) au poète, c’est-à-dire qu’elles prennent possession de lui pour faire parler les dieux… La poésie est ainsi d'inspiration divine. La tradition prête aux muses deux domiciles : pour certains, elles résidaient en Thrace, et inspirèrent Orphée, et Dionysos. Pour d’autres, elles séjournaient sur le mont Parnasse, au-dessus de Delphes, et étaient sous la dépendance d'Apollon.

 

Orphée

S'accompagnant sur la lyre, Orphée savait chanter des chants si suaves que les bêtes fauves lui faisaient cortège, que les arbres s'inclinaient vers lui pour mieux l'entendre. Même les supplices des enfers sont adoucis au son de sa voix. Dès lors qu'Orphée revient des Enfers sans Eurydice, inconsolable, le lyrisme devient synonyme d'expression musicale des sentiments. Ce qui fonde le lyrisme, c'est essentiellement le souvenir, sous la forme du regret, et le temps qui passe ; un sentiment d'étrangeté au monde, ou d'incompatibilité aux autres, caractérise alors le poète. Le poète lyrique est seul, et il n'est pas (ou plus) à la bonne place

 

Dionysos

Dionysos est un dieu fou, accompagné de son cortège de Bacchantes, et porté sur l'ivresse. Sous le règne de Dionysos, la poésie devient cri rituel, délire mystique, où la flûte (la flûte de Pan) remplace la lyre. Le culte de Dionysos se célèbre par des processions tumultueuses, pleines de bruit et de fureur, créant la "panique" (Pan). La poésie dionysiaque tend à dire l'ivresse, le désir d'ivresse. Le poète "orphique" et le poète "dionysiaque" se ressemblent : tous deux sont des étrangers. Cette étrangeté au monde, qui dans la poésie lyrique devient souvent renoncement, vire à l'agression dans ces poésies frénétiques.

 

Apollon

Apollon est le dieu solaire, dieu de la musique et de la poésie - et de la divination. Il est capable de rendre compte de l'ordre du monde. Sous le signe d'Apollon se rangent donc les poètes qui ont pour ambition de percer le secret des choses : poésie de synthèse entre l'intelligence et la matière. Le but central de cette poésie, c'est "donner un sens plus pur aux mots de la tribu" (Mallarmé). En d'autres termes, si la poésie lyrique fait vibrer la corde des sentiments, si la poésie "dionysiaque" a pour ambition d'aller ailleurs, la poésie "apollinienne", poésie épurée, réduite à son principe s'applique à cerner les manières du discours.

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