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lecture analytique 1

Des Coches, la confrontation des Européens et des sauvages

I. Mise en scène d'un dialogue

 

1. Un texte vivant

> utilisation du discours direct, qui théâtralise la rencontre

> utilisation du coup de théâtre (ou renversement de situation) : les européens apparaissent bien barbares

 

2. une démarche argumentative

> le texte fonctionne de manière pédagagique avec thèse et antithèse

> on est dans la tradition du dialogue philosophique qui fait advenir la vérité en laissant la parole à autrui

 

3. la prise de position du narrateur

> Montaigne intervient à la fin du texte en rappelant qu'il a des témoins parmi les cannibales, avec lesquels une certaine familiarité s'instaure (mes cannibales)

> Montaigne prête aussi sa voix aux Indiens, il se fait traducteur partial de leurs idées...

 

II. Diabolisation des Européens

 

1. prises de paroles déséquilibrées

> paroles des Européens = de la ligne 3 à 11, paroles des Indiens : lignes 11 à 31. Le discours des indiens est ainsi loin d'être un « balbutiement » d'enfants.

>Montaigne les montre comme de bons orateurs, à travers cette phrase très organisée, et caricature au contraire les paroles des européens, qui sont des « déclarations habituelles », c'est-à-dire, des phrases toutes faites.

>Les européens sont du côté du psittacisme, comme en témoignent les périphrases concernant le roi (« le plus grand prince de la terre habitable ») et le pape (« représentant de Dieu sur la terre »)

 

2. duplicité des européens diabolisés

> le texte est encadré par la des notations sur la cupidité des Européens : « à la recherche de mines d'or » / « les Espagnols ne trouvèrent pas les marchandises qu'ils cherchaient ». Image du parasite qui voyage pour vampiriser autrui.

> Leur discours n'est qu'un prétexte pour s'enrichir. Le mensonge est même évident lorsqu'ils demandent de l'or « dont ils avaient besoin pour quelque médicament »

> leur discours fait entendre des décalages entre ce qu'il est et ce qu'il paraît : les paroles rapportées commencent par souligner le fait « qu'ils étaient des gens paisibles », mais le discours narrativisé se clôt par les « quelques menaces » qui laissent entrevoir la nature violente derrière le masque des paroles convenues.

 

3. Un dialogue de sourds

> les paroles des Espagnols sont autoritaires et n'attendent pas de réponses. Les exigences sont affichées comme légitimes car appuyée par le représentant des forces terrestres (le roi) et spirituelles (le pape).

> ces exigences sont d'abord concrètes , il s'agit d'être tributaire, donc de payer un impôt, de donner de « la nourriture » et de « l'or », puis elles sont abstraites, avec l'apport d'une religion. Il s'agit donc de déposséder les indiens et de les aliéner, de prendre leur avoir, et leur être…

> l'agressivité des Européens est donc mise en scène de façon révoltante, et Montaigne se désolidarise de cette attitude : « mes cannibales » signifie qu'il est de leur côté.

 

III. Élaboration du mythe du bon sauvage

 

1. une remise en cause de la naïveté

> ils ne confondent pas l'être et le paraître : « pour être des gens paisibles, ils n'en portaient pas la mine, s'ils l'étaient » : opposition être / paraître redoublée par l'épanorthose être/s'ils l'étaient

> ils comprennent bien les sous-entendus masqués par les civilités : «  ils n'avaient pas l'habitude de prendre du bon côté les civilités et les déclarations de guerre » : expression « du bon côté » signifie bien la compréhension de la dualité du discours poli ; et le fait de juxtaposer les civilités et les déclarations de guerre témoigne d'une volonté d'être explicite.

> ironie de Montaigne sur les « prétendus enfants » met en relief l'absence de naïveté des indiens, et dénonce ainsi à travers l'ironie un préjugé .

 

2. une argumentation rigoureuse

> L'argumentation des Indiens reprend, examine et réfute chaque point avancé par les Européens au rythme des « quant à » martèle le tempo d'un raisonnement puissant.

> Au droit du plus fort, les Indiens opposent la logique et soulignent les contradictions des Européens : on ne peut se dire pacifique et être en armes, on ne peut se dire puissant et être demandeur indigent, on ne peut donner ce qu'on ne possède pas…

> La raison est à nouveau convoquer pour signaler combien il est peu raisonnable de menacer des gens dont on ignore la puissance. Cette réponse est parallèle à la menace qui conclut le discours des Espagnols, mais elle s'appuie sur la raison, et non sur la force.

 

3. des valeurs idylliques, utopiques

> à l'avidité, les Indiens opposent un idéal de générosité : ils donnent des vivres et de l'or, auquel ils ne témoignent que peu d'estime, et qui est réservé au service religieux. (leçon sur l'avoir, et sur l'être)...

> à l'intolérance religieuse du prosélytisme espagnol, les Indiens opposent une ouverture d'esprit et une morale de l'amitié (ne prendre conseil que de leurs amis et connaissances)

> au discours duplice, ils opposent le franc parler d'un discours préférant l'explicite (« ils montraient les têtes de certains hommes exécutes)

 

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