séance 5 : Crime et Châtiment

doc complémentaire

Analyse d'un procédé : les répétitions, omniprésentes, et structurant le passage :

 

  • les battements du coeur et les sensations du criminel : ces répétitions rythment l'adrénaline du personnage, c'est le tempo du passage. On remarque que ce sont souvent des sensations sonores (il colle son oreille, appuie sur la sonnette) qui renvoient à l'intériorité du personnage. Le personnage perçoit souvent des coups (de son coeur , de sonnette, de hache)... Les répétitions servent donc ici à créer le suspense en nous faisant vivre le meurtre dans le point de vue du criminel.

 

  • la perte de la maîtrise de soi / de son corps : à travers sa voix d'abord (« sa voix ne lui obéissait pas », puis « il n'avait jamais pensé dire ça »), son corps semble ne plus lui répondre. Puis le texte insiste sur la perte de des forces du personnage : son corps ne répond plus vraiment et agit machinalement : « il sortit la hache en n'ayant presque pas conscience de lui-même ». On peut se demander si le personnage agit ou s'il est agi. « Il laissa retomber le marteau de la hache sur le crâne »... autrement dit, il n'agit pas vraiment, il laisse faire... Les répétitions servent alors à déculpabiliser le criminel.

 

  • le regard de la vieille : Si Raskolnikov écoute (ouïe = sens qui permet une intériorisation du monde), la vieille, au contraire, regarde (vue = sens qui permet de s'extérioriser). Ses yeux dévisagent sans cesse notre personnage : même morte « ses yeux écarquillés » semblent vouloir « sauter à l'extérieur ». Ce regard insoutenable est celui de la mauvaise conscience de Raskolnikov : il se sent regardé car il se sent coupable... On comprend alors que le criminel cherche à ne pas se salir, c'est à dire à ne pas rendre voyant son crime... Les répétitions servent ici à faire entendre la mauvaise conscience ou la mauvaise foi du criminel.

 

  • le souvenir de Raskolnikov : à deux reprises, on sait que la scène est revécue par Raskolnikov, dans une temporalité bien éloignée de celle du récit : « il se souvenait de tout cela plus tard » / « il se souvint plus tard ». Cette scène est ainsi imprimée dans la conscience du criminel et revient sans cesse, dans un éternel retour de la faute tragique. Le châtiment du Raskolnikov consiste à revivre alors son crime sans fin... La répétition est aussi un châtiment.

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