bilan de séquence

quelques pistes pour approfondir votre lecture

Structure en 2 parties :

 

1ère partie : les personnages portent des noms : Marie, Céleste, Raymond, Salamano. Ils vivent au jour le jour, à la recherche des plaisirs les plus simples. On est dans le domaine de l'immédiat, de l'authentique. L’enchaînement des faits n'est pas prémédité, mais se caractérise par la spontanéité.

2ème partie : les personnages sont anonymes : l'avocat, le procureur, l’aumônier… Les personnages sont réduits à une fonction, à un rôle. Plus de plaisir simple, mais la tentative d'expliquer les crimes. On n'est plus dans l'immédiat, mais dans la re-présentation : il faut que l’enchaînement des faits paraisse logique, ait un sens.

 

Du réel au théâtre

 

On passe de l'univers ouvert de la vie, sous le signe de la contingence, à l'univers clos et carcéral de la loi, qui doit trouver du sens. L'univers théâtral de la justice est alors une sorte de caricature de la vie : les personnages qui re-présentent sont en représentation. Dès qu'on tente d'expliquer le réel, on le réduit, on ne trace que ses lignes principales, ses stéréotypes, on le caricature

Meursault lutte pour ne pas entrer dans un rôle : la carrière que propose son patron, le mariage que propose Marie… sont autant de stéréotypes qui menacent sa liberté. Même son langage, qui vise qu'à ne présenter les faits, peut apparaître comme le refus d'une théâtralisation, d'une construction réfléchie.

 

L'explication psychanalytique :

 

le roman s'ouvre sur la mort de la mère et se finit sur la mort du fils. La présence insistante de la mère pose le problème du deuil. Ici pas de « travail de deuil », au sens où la douleur de la perte semble niée. On est dans un deuil pathologique, un deuil impossible, où selon Freud, lorsqu'on n'accepte pas le sort de ce qu'on a perdu, on veut le partager. Le deuil impossible suscite une autopunition : tuer pour être tué. Meursault est celui qui n'a pas voulu renoncer au désir de sa mère, c'est un nouvel Oedipe. La fin du texte témoigne de la fin de ce parcours : « personne n'avait le droit de pleurer sur elle ».

On peut réinterpréter la première partie du récit, toute maternelle (avec Marie et les bains dans la mer) et la deuxième partie, sous le signe de la loi, de l'autorité, du Père. Le roman serait alors l'itinéraire d'une accession à l'émancipation imaginaire, à l'autonomie (autre signe de liberté).

 

Un itinéraire de la révolte

 

Meursault refuse de jouer le jeu social, et c'est en partie ce qui le condamne. Il préfère la mort au mensonge. La fin du roman marque la rupture totale entre l'individu et la société. Derniers mots : « il me restait à souhaiter qu'il y ait beaucoup de spectateurs le jour de mon exécution, et qu'ils m'accueillent avec des cris de haine ».

Les dernière lignes sont en décalage avec le reste du roman : une conscience semble naître, et se libérer. Alors que la mort approche, le personnage se met à crier pour la première fois, comme le cri d'un nouveau né.

Ajouter un commentaire