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Scène d'exposition

lecture analytique 1 : Le personnage du notaire

Quelques pistes pour compléter ce qui a été dit en classe :

I. Une scène d’exposition

 

- la scène multiplie les informations (lieux, temps) et ce personnage sert à entrer dans l’oeuvre. Lui-même emménage, c’est à dire qu’il « entre » aussi dans cette pièce, en même temps que le spectateur et les personnages principaux, sans cesse invités à « entrer ». On utilise ainsi plusieurs niveaux d’énonciation.

 

- la scène ressemble à un prologue de tragédie. Comme dans les tragédies antiques, un personnage vient introduire et commenter la scène : le choeur ou le coryphée. La dimension générale des propos sur la mort donne une dimension mythique à cette scène « ça reste un mal nécessaire » au présent de vérité générale. Le personnage décédé a également quelque chose du mythique dans son mutisme. La dimension pathétique liée à la mort tragique explose dans la dernière didascalie.

 

- Pourtant, contre le deuil, le comique. Refus du tragique, comique de mots, comique de situation (il répète son discours), comique de caractère (émotif, il perd son sang froid, et ne correspond pas à la charge qu’il doit endosser). L’humour entre en contrepoint avec la mort qui plane autour de lui.

 

II. Le personnage de Lebel :

 

- un côté ridicule, avec des phrases-types, vides de sens. Être de paroles qui dit le vide du langage, avec des tics de langage, qui peuvent relever du comique de répétition. On est dans le bavardage, le langage qui piétine, qui n’avance pas (qui ne tourne pas la page, qui ne fait pas le deuil…). Le langage est balbutiant, répétitif, approximatif… Ce discours vide fait pourtant écho au silence de Nawal.

 

- un personnage étrange et attachant : personnage décalé, son discours est marqué par la digression. Sa maladresse le fait ressembler à un enfant, ce qui le rapproche des jumeaux. Nawal lui a également un peu servi de mère.

 

- un intermédiaire entre les vivants et les morts : sa profession consiste à faire entendre la voix des morts aux vivants, à travers les dernières volontés de la mère. Il parle de la mort, « qui détruit toutes ses promesses ». Le testament défait le silence de la mort. Il reste des choses à dire, un deuil à faire. Personnage qui regarde le vol des oiseaux, rappelle les augures, les prêtres antiques. Il interprète ainsi les choses de la nature, la pluie du jour de la mort de Nawal, par exemple. De plus, c’est Nawal qui lui a appris qu’il ne fallait pas dire « un zoiseau » : elle lui a appris à interpréter les signes. Sa parole dépourvue de logique apparente peut alors avoir une logique irrationnelle, une logique qui rappelle le discours confus de la Pythie ou des oracles.

 

III. un passeur, qui guide et accompagne

 

- Le lieu évoqué dans la scène est un lieu de passage. Le personnage répète « entrez » : il invite au mouvement, il lance l’action (c’est le moteur). Il est situé à proximité d’une autoroute d’ailleurs. Le temps est celui de la mort, car la mère a « passé ». Personnage sous le signe de l’ouverture, sa fenêtre est ouverte (vers un ailleurs), et le cadre est une zone d’échanges, de commerce, de rencontre. Sorte de Charon, qui évoque d’ailleurs les enfers, Lebel est ainsi un personnage qui va permettre aux enfant d’avancer.

 

- La quête des origines sera aussi un rite de passage permettant aux enfants de devenir adultes. Le titre, Incendies, justifie la violence de ce rite de passage, qui permet une renaissance, régénérée (comme avec le feu du Phénix). Sa neutralité (il n’appartient ni à la famille, ni au Pays), lui confère le rôle de coryphée des temps modernes.

 

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