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Warhol et le pop art

Big torn Campbell's soup can

Une démarche évidemment provocatrice : on hisse une vulgaire boite de conserve au rang d’oeuvre d’art.

 

Le sujet constitue pourtant une reprise de la tradition de la nature morte, qui célébrait les fruits et légumes… qui sont désormais contenus dans la boite, interdits aux regards. Surtout, c’est un objet qui appartient à une série, ce qui heurte l’idée selon laquelle une œuvre devrait être unique, sur un sujet d’un intérêt esthétique incontestable. Pas d’idée d’exception, ici (et l’art n’est pas destiné aux élites). On est bien loin de la contemplation respectueuse à laquelle invitaient les natures mortes.

Autre facteur déconcertant : l’impersonnalité. l’intervention de l’artiste n’est pas évidente. On peut voir un hommage à la modernité, qui façonne des formes cylindriques irréprochables. Surtout, l’artiste n’y est pour rien : ce n’est plus un démiurge, un créateur, c’est un démonstrateur.

 

L’objet banal est en gros plan : le cadrage nous oblige à le regarder, et non plus à le voir de manière machinale. C’est donc bien la qualité du regard qui extirpe l’objet du quotidien pour l’introduire dans le domaine de l’art.

l’intervention de l’artiste se lit dans le geste de la lacération, de la déchirure. L’artiste n’est plus vraiment créateur, il est plutôt destructeur de cette toile parodique que constitue l’étiquette. La lacération qui rend l’étiquette incomplète, nous incite à la compléter mentalement. Cet effort de reconstitution mime l’effort que nous devons fournir pour accéder à l’art.

La lacération permet aussi de rendre visible le travail de l’artiste dans les jeux de reflets sur la boite d’aluminium, et à travers le dégradé de gris. Peut-être peut-on y voir une reprise parodique des jeux de lumière des peintres de natures mortes.

 

Ce qui importe c’est l’effet sur le spectateur. Il s’agit de réconcilier l’art et le quotidien, de parvenir à un décloisonnement de deux domaines traditionnellement étanches. Et cette boite a bien des qualités artistiques : la stabilité de la canette, sa couleur neutre, trouvent leur heureuse contrepartie dans le dynamisme de l’étiquette, la vitalité de sa ligne oblique. Cette réflexion artistique sur un produit de consommation ouvre la réflexion sur le design.

D’autre part, il s’agit d’apprendre à voir le quotidien avec un regard d’esthète. Warhol présente une démarche qui oblige à repenser notre relation au monde et abrège la distance entre l’art et la société de consommation. Retenons également que la soupe, c’est essentiellement ce qui nous nourrit. Il s’agit d’alimenter notre regard.

 

Quelques notes sur le pop art

ancré dans la culture populaire, il entend tirer parti du fait que les médias ont transformé notre vision du monde. L’art est au carrefour entre l’industrie et la société de consommation.

L’image change de support, et l’art devient capable d’envahir le cinéma (portraits de stars), la bande dessinée (Lichtenstein), la publicité… Des techniques comme la sérigraphie ou le collage sont utilisées pour s’approprier la banalité quotidienne. On prend conscience que l’image (celle des stars, par exemple) prend le pas sur la réalité. Devant les effigies, les mythes et les rituels de la société de consommation, l’artiste réagit par l’ironie, le décalage. La proviocation, le détournement, la récupération donnent un ton politique assez engagé.

Comme Ponge, ces artistes refusent le lyrisme et éliminent le superflu, en portant une grande attention aux objets. Les images sont volontiers froides et mécaniques non pas pour donner une impression d’objectivité, mais plutôt pour rendre compte du caractère mécanisé des images (cf sérigraphies)

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