doc complémentaire

entretien avec un metteur en scène : S. Nordey

à retenir :

Une lecture originale de la pièce

> le metteur en scène retient que la pièce préfère raconter plutôt que montrer. La pièce est ainsi proche du conte, d'une transmission orale d'un récit des origines. La scène du bus, en effet, est racontée (et même par deux fois), sans être mise en scène. La pièce est bien centrée sur la parole, entre une parole tragique de la malédiction, et une parole libératrice.

> Pour le metteur en scène, la pièce n'est pas seulement centrée sur la voix, mais c'est tout le corps qui parle : la pièce est même proche de la chorégraphie, c'est une partition, où toute la gamme des émotions est exploitée et soulignée par des accessoires symboliques (depuis le nez du clown à la ceinture d'explosifs).

> On est enfin, selon Nordey, dans une pièce où le temps est particulièrement intéressant. Le rythme est une préoccupation première, avec les coups de théâtre et les rebondissements incessants (ce qui amène Nordey à établir un rapprochement étonnant avec les pièces de Feydeau, dont l'énergie est légendaire). En effet, la pièce pose la question du temps qui n'a plus de sens, de l'histoire qu'il faut reconstruire, ce que les interventions entre les différentes époques symbolisee...

Les partis pris de la représentation

> Nordey considère que la dimension générale de la pièce justifie une mise en scène stylisée. Il supprime les décors (les arbres blancs), les costumes, les sons (les marteaux-piqueurs). Il rappelle d'ailleurs que Mouawad a lui-même gommé tout ce qui faisait référence explicitement au Liban. Son travail amène à un dépouillement, alors que les didascalies de Mouawad témoignaient au contraire d'une profusion d'éléments de mise en scène.

> En revanche, l'attention au texte justifie une utilisation particulière de la lumière, visant à créer un effet visuel proche du gros plan. Il s'agit de mettre en lumière des visages, ou des objets (le nez de clown, la ceinture d'explosif, le testament), en les projetant dans une proximité immédiate avec le public.  Ce procédé, dans une certaine mesure, rend également compte d'une esthétique de la fragmentation, essentielle dans la pièce.

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