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Picasso

La bouteille de vieux marc

Le titre complet, Bouteille de vieux marc, verre et journal, identifie les éléments qui s’y trouvent, et indique le plus important, la bouteille, qui organise la composition. Il incite le spectateur à chercher les objets, car il s’agit bien ici d’inviter à reconstruire le réel d’après une vision analytique, éclatée.

 

Des techniques nouvelles

Dessin au fusain, peinture à la gouache et collage ou épinglage de papiers se superposent. Picasso accumule les motifs et les épaisseurs pour réfléchir sur les différents niveaux de représentation de l’espace pictural : du plus réel au plus allusif, le journal assumant son propre rôle et le véritable papier peint figurant une nappe, pendant que la bouteille est une esquisse stylisée à l’extrême et identifiable grâce à l’inscription ? vieux marc ?.

Les lignes sont parfois dessinées, parfois, elles bordent les éléments ajoutés ou s’y trouvent mêlées. Les courbes noires viennent briser les formes géométriques, composées essentiellement de lignes obliques qui structurent le tableau. Elles esquissent des formes, des angles et des cercles qui se répètent de part et d’autre de la toile ; elles créent un réseau sur lequel les éléments colles viennent se superposer. Les ombres, assez accentuées, affectent paradoxalement, non les objets réels, mais les lignes dessinées ; elles donnent au dessin un modèle, transformant la ligne en volume.
 

Une poésie de l’objet

Le papier peint colle porte des motifs orientaux abstraits, ce qui rappelle l’univers de Matisse, qui opte pour la couleur et le fauvisme quand Picasso choisit le dessin et le cubisme.

Le verre à pied se trouve au centre du tableau, à moitie recouvert par le journal. Il est représenté en creux dans le papier peint, découpé autour de la forme du verre, et en relief sur le fond blanc de la toile. Ce jeu visuel attire l’attention sur la transparence du verre, et ainsi sur notre expérience visuelle.

 

Une nature morte sur l’ivresse de la représentation

Tout un itinéraire visuel nous est proposé : depuis le blanc de la toile, la ligne qui structure l’arrière plan, la courbe et les ombres qui donnent du relief, le volume et la couleur… le réel prend forme et surgit dans sa complexité. La nature morte (et vide) s’anime grâce à cette bouteille, cette eau de vie qui nous fait passer du monde de la représentation à la présence du réel.

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