texte 1, l'aveu de Phèdre
I. Le dialogue : combat entre les ténèbres du silence qui cache et la lumière d'une parole qui montre… rôle de la confidente : mettre en scène ce combat intime. Rôle du théâtre : exposer ce qui est caché, montrer la noirceur… faire parler le silence…
1. mettre fin au silence
- un silence mortifère : Phèdre meurt à cause de son secret qui la ronge.
- stratégies du contournement : l'art de ne pas dire, de ne pas se dévoiler
=> moment de tension dramatique suggéré par le rythme de l'échange
2. une révélation progressive : la stratégie d'Oenone
- parler de la même chose : du quiproquo au bouclage de l'énonciation (l'art de se faire comprendre)
- chantage et prière :un personnage manipulateur
=> rôle de la confidente = mettre en scène le dilemme qui déchire le personnage principal (cf premier vers)
3. L'aveu = un accouchement
- voc de la souffrance avant la libération (« délivres mon esprit » : motif de la délivrance...)
- rôle maternel d'Oenone, « songez-vous qu'en naissant mes bras vous ont reçue » (et même ironie tragique car Phèdre aime son fils, ce qui fait écho à « quel affreux projet avez-vous enfanté »)
=> nouvelle naissance, naissance du monstre
II. L'exposition du drame et de soi : une intériorité horrible. Parler, c'est libérer le monstre en soi, c'est accoucher d'un monstre. Aveu = mise en scène de l'innommable, de l'excès, de l'interdit (la passion).
1. Une passion monstrueuse :
- l'incarnation de l'hubris, de l'excès (superlatifs et voc de l'horreur)
- motif du sang (du sang criminel au sang qui coule dans les veines, en passant par l'appellation « cruelle » avec sens étymologique) : intériorisation du crime « de ce sang déplorable je péris la dernière et la plus misérable »)
=> personnage qui incarne l'horreur « à l'horreur de vous voir expirer à mes yeux » : on est à la limite de la bienséance
2. le discours du corps :
- un corps en pièces (synecdoques) : impossibilité de penser l'être sous le signe de la totalité
- impossibilité de se contenir : trouble, frémissement, larmes « à ce nom fatal je tremble, je frissonne »… le corps lâche
=> impossible maîtrise de soi. Personnage qui se métamorphose en créature inhumaine
3. une fatalité mythique : le poids du destin, réécriture d'une malédiction
- évocation de Vénus et de la fatalité (péché originel et prédestination)
- évocation de sa mère et de sa sœur (Phèdre s'inscrit dans la lignée maudite)
- monstres qui surgissent jusque dans les allitérations « Un silence éternel cache ce souvenir »
=> manière de rejeter la responsabilité (de même, « c'est toi qui l'as nommé ») et de faire surgir un bestiaire infernal : Minotaure, Méduse,
III. Un coup de théâtre. Aveu lance l'action, distingue un avant et un après. La parole constitue le spectacle.
-1. disparition de la voix d'Oenone
- (Aimez- vous, 3, Pour qui, 2, Qui, 1.. essoufflement)
- disparition d'Oenone dans l'échange (Phèdre semble se parler à elle-même)
=> l'aveu laisse Phèdre seule, isolée dans une sorte de soliloque...
2. l'art de dévoiler :
- utilisations de la périphrase, des détours (préfigure l'image du labytinthe)
- aveu et renversement de situation (prise de pvr de Phèdre qui fait parler Oenone…)
=>
3. dimension spectaculaire entre ombre et lumière
- voc de l'ombre / lumière = thème de la révélation
- phaedra = la lumière, petite fille du soleil…
(Phèdre, éblouie par l'amour, peut rappeler le mythe d'Oedipe, figure de l'aveuglement. Dans les deux cas, il s'agit de condamner un regard malade. Le théâtre, « lieu où l'on voit », est ainsi une école du regard )
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