Incipit La Modification

présentation du personnage sous le signe du malaise

Difficile entrée dans le train / dans le roman…

 

I. Construction originale du personnage

 

1. le pronom "vous" et le présent de l'indicatif oblige le lecteur à s'identifier à un personnage qui ne lui ressemble pas forcément. Impression du lectuer = d'être piégé, en quelque sorte… dans une identité imposée (cela pose le problème de l'identification).

 

2. des informations à construire par le lecteur : le début in mesdias res et le point de vue interne nous donnent à reconstruire les indices pour comprendre l'intrigue (exemple : le lieu). Le lecteur participe ainsi activement au roman comme dans un roman policier.

 

3. Importance des sensations éprouvées : le personnage prend corps progressivement. Il se heurte sans cesse au réel… Cette première page rend compte de l'accouchement difficile de ce début de roman, ou le personnage a du mal à venir au monde.

 

4. Un anti-portrait : description de l'intérieur, de l'intériorité, aucune appartenance sociale identifiable. Le regard va de ce qui est objectif vers ce qui est subjectif (ex : valise, poignée, doigts, muscles et tendons…) : le trajet est celui d'un voyage vers l'intérieur.

 

II. Une entrée pénible dans le roman

 

1. Difficiles ouvertures : coïncidence ouverture du livre, ouverture de la journée, mais aussi multiplication des fermetures des horizons...

la porte s'ouvre difficilement : le seuil est délicat à franchir, avec la métaphore filée de l'accouchement et les allitérations en [p] du 1er paragraphe.

Yeux difficiles à ouvrir : symboliquement, c'est peut-être un refus de voir le monde en face, souligné par les motifs des voiles et de la fumée… le regard est tourné vers l'intérieur, il s'agit d'une introspection... plus que vers le monde, le réel...

roman n'est pas sous le signe épique d'une odyssée, d'une aventure héroïque, mais sous le signe d'une fuite, une échappée par la petite porte, à travers de petites ouvertures (il va vivre une aventure… au sens le moins noble!)

 

2. le malaise de l'incipit

corps meurtri, douleur du temps qui passe, corps mal dans son costume…

personnage entre deux femmes, entre deux villes. Trajet = métaphore d'une tension ?

Longueur des phrases témoigne d'une conscience torturée…

malaise du lecteur également, qui n'est pas libre d'imaginer ou penser ce qu'il veut (expérience d'une aliénation...)

 

3. vers un nouveau roman.

Redéfinition de la notion de personnage ou d'intrigue (aventure, en tout cas). Personnage à la recherche d'une place, dune existence.

voyage du pers vers Rome, d'une écriture vers le roman… roman compris comme une recherche, une odyssée de l'écriture (cf Ulysse de J. Joyce)

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